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Posté le: 23/12/2009 16:33:09 Sujet du message: Compte rendu des maraudes du 13 et 19 Décembre |
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Depuis la dernière maraude, nous en avons effectuer deux de plus. Une le dimanche 13 décembre, puis une autre, le samedi 19 décembre.Les colis sont toujours les mêmes.
-Un sandwitch (dans du pain de mie cette fois-ci, pour une meilleure conservation dans le froid) -Tablettes de chocolat -Chewing-gum (pour l'entretien des dents) -Bouteille d'eau -Brique de jus de fruit -Gâteaux -fruits -kleenex
Pour la deuxième maraude, nous avions également :
-Bonnets tout neufs -Gants tout neufs -Polaires tout neufs -Echarpes toutes neuves
Les photos sont bloqués dans mon portable pour le moment, tant que je n'ai pas le cable usb adéquate, elle seront à paraître inchaAllâh. Il n'y a que celle de la moitié des courses de la première maraude :
 Sans plus attendre, voici les comptes rendu : Compte-Rendu du Dimanche 13 Décembre 2009 Cette maraude était réservée aux soeurs, mais ceci étant, il est évident que des frères étaient présents, car inconcevable est l'idée de laisser des sœurs seules. Donc il y avait dans ce groupe de soeur, 3 frères. Ce présent compte rendu a été ainsi co-rédigé, par une soeur. et moi même La partie en rose correspondra à la maraude vu de la soeur en question, tandis que l'autre partie correspondra à la maraude, vue du frère. Saint Lazare, Dimanche 13 décembre, 13h00. Ca faisait déjà une heure que les soeurs attendaient de pouvoir recevoir les colis. Nous arrivons donc à deux, avec du retard, d'ailleurs, encore une fois, mes sincères excuses. On décide donc, sans plus tarder de commencer la maraude. Comme d'habitude, un petit tour aux abords de la gare. Comme d'habitude, la misère contre chaque mur. La première personne à recevoir un colis, sera une femme, roumaine. Assie contre un kisoque, elle nous raconte dans sa langue et avec le coeur, son quotidien. "Où dormez-vous madame ?". Elle sorti alors sa main pour la frapper contre le sol. C'est ici qu'elle dort, par Terre. Cette femme nous raconte qu'elle n'est pas seule, son mari aussi dort ici. Un couple unis dans la misère, devant un groupe de soeur réunis contre la misère. Nous la quittons donc, non sans lui montrer le contenu du sac. On continue notre ronde, pour tomber nez à nez, avec une autre femme, roumaine, plus jeune. D'ailleurs, ses traits avaient quelque chose de familier, et en effet, lorsque cet homme barbu nous rejoignit, nous comprenons que ce sont là, des retrouvailles. Ces personnes étaient déjà repérées au préalable donc nous nous dirigeons vers eux. Ensuite, nous rencontrons une femme debout camouflée pour pouvoir tenir par ce grand froid hivernal, et attendant un geste des badauds qui défilent en vitesses grand V. Nous lui laissons deux sachets pour elle et son mari. Sur le chemin nous rencontrons un couple roumain ainsi qu’une personne âgé ces personnes eux ont la possibilité de pouvoir dormir le soir dans un foyer. D’après le jeune homme cela serais dû au fait que sa femme soit enceinte. SoubhanALlah une femme dehors par ce temps glacial et enceinte. La hawla qowata ila biLLah. Dans la précédente maraude, nous vous avions fait été d'enfants à la rue, et d'un homme âgé avec eux. L'homme était là, les enfants sont retournés au pays nous dit-il. Avec lui, nous parlons. "C'est Allâh qui donne. " nous disons-nous. Le jeune nous lança, un vigoureux "Salam 'aleykoum !" Wa 'aleikoum salam répondîmes-nous. Visiblement content de recevoir un colis, lui et sa famille, dans les quelques mots français qu'il connaissait, il nous dit "Vive l'Algérie !". Et lancé dans son élan, nous adresse un chaleureux "Ussama Ben Laden !". Quelle chute :) Bien sûr, ceci n'était pas une provocation, un simple moment d'humour. Nous quittâmes donc ces gens, pour continuer cette tournée. Nous reprenons notre marche. Par la même occasion nous apprenons un hadith : Le Prophète salallahou ‘alayhi wa salam a dit : « celui qui dont la dernière parole est « il n’y a de divinité que Dieu », entrera au Paradis » [rapporté par Ibnou Hibban] « Man kana akhir kalamihi « La illaha illa Llah » dakhala l’djena » Au loin, comme si nous marchions sur les traces des maraudes anciennes, nous retombons nez à nez, avec cette dame, désormais devenue familière .Cette femme âgée, la même que la précédente maraude, avec son carton où est inscrit : "je pourrais être votre grand-mère", pour dire que cette bonne femme n’a pas changé de place et ce, même dans ce froid. Plus d'une semaine s'était écoulé depuis notre dernière rencontre avec elle, et la voici, toujours là, recroquevillée sur elle même, avec toujours cette même pancarte " J'aurais pu être votre grand mère". "Bonjour madame, voici un cadeau pour vous". "Merci nous dit-elle, le visage ridé, et qui portait les stigmates de ces longues nuits froides... Elle avait à ses pieds, tout ce qu'elle possède, en vêtement ou autre. Sa situation est inadmissible. Petit à petit, le froid fait son apparition. Il ira crescendo, faire tomber le mercure en dessous de 0 à Paris. Puis une autre femme, qui parle quand même un peu français. - Salam ‘alaykoum -Bonjour - Vous allez bien ? - Ça va. (avec un sourire macha Allah) [vous remarquerez que ces personnes ne disent jamais qu’ils ne vont pas bien. SoubhanALlah alors qu’on le voit bien c’est flagrant qu’ils ont faim, froid, qu’ils sont fatigués… mais pour eux tout est hamdoulillah n’est-ce pas le comportement que l’on doit avoir nous musulmans ??] -Vous avez mangé ? -Non Nous lui remettons un colis -Merci -C’est Allah qui vous nourri, c’est Allah qui vous donne ce colis. -Allah très bien, moi pas bien -Allahu Akbar (sa phrase m’a touché à un point ça vous calme direct et vous remet les pieds sur terre.) Elle nous montre ses vêtements, le colis qu’on lui a remit et nous dis que tout cela c’est Allah qui le lui a accordé. Et elle remercie Allah. [Pardonnez-moi je n’arrive pas à vous décrire cette scène qui m’a profondément touché] -Vous êtes seule ici ? vous avez votre mari ? -Mon mari est mort en Roumanie. -Vous avez des enfants ? -Oui -Ils sont où ? -En Roumanie. (Elle nous explique que là-bas il n’y a rien et depuis que son mari est mort elle n’a plus rien. Du coup elle est obligée d’être ici pour subvenir à ses besoins) La illaha ila LLah -Vous avez froid ? -Elle nous montre qu’elle s’est couverte de la tête au pied avec ses moyens Après un moment de discussion ensemble elle nous dit qu’il y a beaucoup de personnes qui sont dans la même situation qu’elle. Elle nous montre une vielle femme qui était dans le trottoir d’en-face. Macha Allah le partage, cette femme a voulu partager avec ses autres frères et sœurs la bénédiction qu’Allah lui a accordée. Nous l’avons laissé, et c’est ainsi que nous sommes allés voir la bonne femme du trottoir d’en-face. Son visage marqué des traces de fatigue. Elle nous a dit d’ailleurs qu’elle avait une rhinopharyngite. Qu’Allah leur vient en aide. Amine. Nous rencontrons encore une autre femme qui à notre contact s’est mise à craquer, la solitude, le renfermement, l’absence de tout contact les rend coupé de tout. Nous sommes restés quelques minutes avec elle lui disant qu’elle n’était pas seule et nous reprenons notre marche. Les soeurs présentes, étaient en train de pleurer devant ces scènes difficilement soutenables... Nous arrivons devant la singulière place de la République, le carrefour où chaque nuit, la misère donne rendez-vous. Nous remarquons des tantes, abritant des sans abris, à qui nous distribuons des colis. Puis nous partons lorsqu'une voix nous murmure à l'oreille : "Bonjour...J'ai vu que vous distribuez des colis, et..." Nous nous retournons, pour apercevoir un colosse africain machaAllâh. Mahmadou il s'appelle. Nous nous excusons auprès de lui pour l'avoir ignorer, nous ne l'avions pas remarquer. "Ca va mon frère ? " "Wi, lhamdouliLlâh" "Tu es toujours là ?" "Toujours là" Retenez bien son nom, car cet homme donnera à la maraude suivante, une impulsion sans pareille.... Place de la République un autre frère nous rejoint. A peine arrivé qu’il remarque une personne qui a besoin de soutien cette femme asiatique nous explique que son amie lui a dit de se rendre à la place de la République pour trouver des associations qui offre des repas. En vain, elle n’a trouvé personne jusqu’à ce que Allah l’a mette sur notre chemin. Heureuse de pouvoir se nourrir, elle nous explique qu’elle dort dans la rue et que maintenant, avec se froid elle s’est mise vers un abri afin d’éviter la pluie, la neige… Elle nous demande également si nous sommes une association et si nous donnons des vêtements. Nous avons discutées avec elle un bon moment. Il est 17 h, et la majeure partie des soeurs nous quitte. Par la suite, nous rencontrons Robert et Ludo, deux sans abris, avec qui nous conversons longuement. Cette conversation aura eu pour effet, de leur montrer qu'ils avaient eux aussi, droit au respect, ce en quoi, ils furent particulièrement touché. Ne vous appellez pas SDF rappelait un frère, car même un mort à un domicile. Et la Terre appartient à Allâh 'azawajal. Servir des plats est une bonne chose, mais comme l'avait dit un sans abris que nous avions croisé, servir le respect avant tout en est une autre, largement prioritaire, car nourrir le ventre c'est bien, mais nourrir le coeur, c'est encore mieux... Plus tard, nous avançons pour tomber sur cet homme qui venait de passer plusieurs années en Inde, à cotoyer des soufis là bas, ainsi que des hindouistes. Son cœur penchait entre les deux religions. Il nous racontait son vécu, et la relation intime qui en quelque sorte le liait à l'Islam. Nous l'avions pris pour un sans abris, loin de là. Nous continuons notre marche jusque devant la place d'Italie pour rencontrer Aurel, un jeune garçon de 22 ans à la rue. Blasé par l'Etat français, Aurel eut l'idée malvenue de jeter sa carte d'identité par dessus la Seine. "Je suis Parisiens" nous dit-il, lui qui est originaire de Bretagne. Il avait son chien qui lui tenait compagnie, et affrontait ce grand froid, vêtu d'un jean déchiré en large, laissant découvrir sa cuisse... Aurel recevra en plus d'un colis, un kebab, et des conseils pour s'en sortir... Il est tard, nous marchons jusque dans la gare d'Austerlitz. Là bas, nous rencontrons un homme et son caddie. Ce dernier, nous montrais comment miraculeusement, partout où il allait, son compagnon, en l'occurence un pigeon parisien le suivait. Je me baisse pour regarder, et effectivement, notre oiseau se tenait là, debout. Juste en face, un homme, dont la vie dans la rue, n'a plus rien à apprendre. Il était assis là, dans la gare. Nous remarquons une chose étonnante. A coté de chaque sans abris du coin, il y avait ces sacs, en tout points similaires aux nôtres. Visiblement, quelqu'un était déjà passé par là. Finalement, cette maraude prit fin, si je ne me trompes pas, aux alentours de 21h00., devant une scène que je qualifierais de tragique...
Le froid, devenue polaire, givrait le sol, et sur le sol, une femme, blottie sous une fine couverture,. Ses mains, rougis, brûlés par la température, tremblaient. Nous mêmes qui marchions, avions du mal a résister au froid, et elle était là, à la merci de ce froid glacial. Nous lui apportons une café chaud, et des plats chauds, la pauvre arrivait à peine à parler, et ne pouvait même plus tenir le verre de café.... C'était une scène terrible, et encore plus terrible, l'indifférence. Un homme qui passait dans le coin, accompagné de ses amis, déambula auprès de nous. Il s'arrêta un instant, obéïssant à son instict de voyeuriste, puis reparti comme si de rien n'était. Comme si la scène auquel nous assistions, la souffrance d'une femme dehors, faisait parti du décor parisien. Un décor qui orne depuis déjà trop longtemps, les rues parisienne, et qui a fini par tomber dans le gouffre sans fin, de l'indifférence. Une femme souffrait ce jour là, et personnes ne lui prêta attention. Tous ont préféré se délecter devant les vitrines de luxes, aucune parole, aucun regard, aucun sourire, pour leur semblable...
Ce que nous avons également remarqué, c'est que 80% des sans abris que nous rencontrons dans la rue, possèdent un chien. Un cri d'alarme évident, car plus que la faim et la soif, ce qui tue dans la rue, c'est l'isolement. Et là où l'espèce humaine déraille, un animal, aussi petit qu'un pigeon (comme le monsieur avec son caddie), nous enseigne comment, le besoin d'accompagner ces gens est vital.. Compte rendu de la maraude du Samedi 19 Décembre Samedi 19 Décembre 2009, Saint lazare, 16h00. On se retrouve entre frères, pour accomplir la 5ème maraude. Cette maraude sera particulière, puisqu'un frère généreux nous a offert dix kits complets de froid, comprenant des bonnets tout neufs, des gants tout neufs, et des écharpes toutes neuves. Je possède toutes les photos sur mon portable, je les ajouterai ici inchaAllâh Sans plus tarder, on commence notre distribution aux abords de la gare. A terre, 3 hommes, dont celui qui la semaine passée, nous avait gentiment interloqué un "Oussama Ben laden". Chacun d'eux recevra un colis, accroupi sur une plaque d'aération qui leur soufflait, une chaleur providentielle, dans ce froid de canard. Soudain, vient se joindre à nous, cette femme enceinte, toujours la même. Pour elle, une double portion, une pour la future maman, une pour le futur bébé inchaAllâh. Ce bébé, qui si rien n'est fait, aura pour unique berçeuse, le chant des voitures, des trains, des bars et des passants. Non loin de là, toujours le même couple. Le mari d'abord, assez costaud, se verra recevoir un colis. Il le prit, et nous indiqua sans plus tarder qu'une autre personne, sa femme en l'occurrence, attendait dans le froid. Alors qu'il nous indiquait le chemin, la voilà qui arrive, tremblante, tenaillée par la faim, et abbatu par le froid. Elle gesticulait dans tout les sens pour se réchauffer. Rappelons qu'à ce moment, Paris était toujours plongée dans cette vague de froid, qui fit un mort à Nanterre. Le défunt, mort dans l'indifférence, était notre frère Moussa, 60 ans, ancien combattant français... La dame en face de nous , recevra tout emballé, un bonnet, une écharpe et des gants. Un kit contre contre le froid, et contre la faim également. Du fond du coeur, elle nous remercia, elle et son mari, puis nous les quittons, le sourire aux lèvres. On continue notre randonnée lorsqu'une mélodie nous caressa l'oreille. C'était la voix d'une femme, qui fredonnait un air à la gloire de Noël et de l'Evangile, assise en tailleur au coin du trottoir, dans l'indifférence générale. Nous allons vers elle, lui proposer vos colis, mais à peine l'avons nous saluer, qu'elle nous repoussa en disant : "Non merci, je n'ai besoin de rien. Allez aider les roumains.." Le refus est une chose qu'il faut savoir accepter, mais ce refus avait une connotation particulière, visiblement, nous n'étions pas les bienvenue.... Nous continuons donc notre chemin, lorsque 3 frères nous rejoignent machaAllâh. Le soleil se couche, il est l'heure de célébrer, la prière d'el-maghreb. On se souvient du hadith, dans lequel Ibn Mas'oud radhiaAllâhou'anhou,un compagnon du Prophète : : : : : : déclare : "Sa ultu rassoulAllâh ayou al 'amali ahabou ila Allâh" "J'ai demandé au Prophète : : : : : : , quelle est l'oeuvre la plus aimé d'Allâh ?" Et la, le Prophète : : : : : : de répondre : "As-Salatu Wouqtiha" "La prière assidue" Ensemble donc, nous célébrons sur la place Saint Lazare, en groupe, comme il se doit, la prière. Puis, nous partons, non sans donner une écharpe aux sans abris qui tentaient tant bien que mal, de vendre leurs journaux. Nous reprenons notre marche, pour retomber à l'angle de la rue Vignon... Pour retomber sur cette dame, à l'âge avancée. La grand mère de monsieur tout le Monde, que tout le monde refuse de voir. La voici, le visage ridée, et marqué par ce sourire généreux. Elle avait réussi, à survivre au froid... De nos mains, elle recevra un colis, une paire de gants, et une écharpe. Puis un bonnet, et des embrassades chaleureuses. Elle ne parlait pas, seuls ses yeux nous racontaient. Quel manque de reconnaissance, de la génération montante, pour la génération passée, celle là même qui l'a élevé. L'Islam prend en haute considération l'égard et la bonne conduite envers les personnes âgés, et désavoue ceux de sa communauté qui ont le coeur dur, qui ne prennent pas en pitié les enfants ni n'honorent les plus âgés qu'eux. " Laysa minna man lam yarham saghirana, wa lam youwaqir kabirana" disait le Prophète : : : : : : : : : : : : , ce qui signifie "Ne fait pas partie de notre communauté, celui-là qui ne se montre pas clément avec notre petit, et n'honore pas notre grand" Bien au contraire, l'Islam encourage les musulmans, à être bienveillants envers les personnes âgés. Selon Anas radhiaAllâhou'anhou (Qu'Allâh l'agrée), le Messager de Dieu ( : : : : : : : : ) a dit: «Toutes les fois qu'un jeune honore un vieillard à cause de son âge, Dieu lui suscitera plus tard quelqu'un pour l'honorer dans sa vieillesse». Rien ne justifie l'exclusion d'une vieille dame. Rien ne justifie le fait que dans le coin de cette rue, que tout le monde fréquente, il n' y ait personne qui puisse aider cette dame, rien. Quel paradoxe, on voit les sans abris que lorsqu'ils ont disparus, où pire, lorsqu'ils sont morts.. Nous lui enfilons les gants, puis nous lui mettons son écharpe, car aujourd'hui, ce sont les gens qui sont à son service. Nous quittons donc cette dame, pour aller au chevet d'un autre. Nous étions devant cet homme assis par terre, tandis qu'au dessus de nous, les étoiles brillantes de la Galerie La Fayette tentaient de rivaliser avec les étoiles du ciel. Et tout ces gens, bercés dans cette illusion du faux brillant, et méprisant l'homme en dessous de lui. Allâh 'azawajal dit d'ailleurs à ce sujet : وَاصْبِرْ نَفْسَكَ مَعَ الَّذِينَ يَدْعُونَ رَبَّهُم بِالْغَدَاةِ وَالْعَشِيِّ يُرِيدُونَ وَجْهَهُ وَلَا تَعْدُ عَيْنَاكَ عَنْهُمْ تُرِيدُ زِينَةَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَلَا تُطِعْ مَنْ أَغْفَلْنَا قَلْبَهُ عَن ذِكْرِنَا وَاتَّبَعَ هَوَاهُ وَكَانَ أَمْرُهُ فُرُطاً 18.28. Waisbir nafsaka maAAa allatheena yadAAoona rabbahum bialghadati waalAAashiyyi yureedoona wajhahu wala taAAdu AAaynaka AAanhum tureedu zeenata alhayati alddunya wala tutiAA man aghfalna qalbahu AAan thikrina waittabaAAa hawahu wakana amruhu furutan 18.28. Fais preuve de patience en compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur, matin et soir, recherchant Sa satisfaction ! Ne les quitte pas pour courir après le (faux) brillant de la vie sur Terre N’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre rappel, qui suit ses passions et se complaît dans ses excès ! 18.28 . Restrain thyself along with those who cry unto their Lord at morn and evening , seeking His countenance ; and let not thine eyes overlook them , desiring the pomp of the life of the world ; and obey not him whose heart We have made heedless of Our remembrance , who followeth his own lust and whose case hath been abandoned . Les trottoirs commerciaux d'un coté, la misère de l'autre... On continue notre marche, pour atterrir devant la grande roue, place de la Concorde. Là, un frère nous rejoint, puis nous empruntons le métro, pour aller à République. A peine avons nous mit un pied sur le quai, que trois sans abris nous accueillent. L'un d'entre eux étant allongé, dans un état chaotique.. Nous sortons, pour voir tout un florilège de sans abris, et au loin, qui voyons-nous ? Mahmadou. Il était assis au même endroit, sur le banc. "Salam 'aleikoum, ca va, tu te souviens de nous ?" "Wa 'aleikoum salam wa rahmaTouLlâhi wa barakaTou, comment oublier de ceux qui m'ont fait du bien ? Vous êtes venus ici même, la semaine dernière, vous m'avez donné à manger, des mouchoirs, et à boire, j'avais faim ce jour là" Mahmadou avait quelque chose de particulier. Outre son allure imposante, il renfermait en lui une douceur intrigante. Devant lui, un pack entier d'alcool. Nul doute que Mahmadou s'apprêtait à faire de sa soirée, un moment de "détente" si je puis dire. Visiblement embarrassé, il nous dit : "J'ai un problème avec l'acool, au nom de Dieu, priez pour moi, pour que j'arrête. Cela ne me cause que des problèmes. Les gens ne m'aime pas à cause de l'alcool, plus personne ne m'aime, même mes frères du mali ne me regarde même pas, car ils savent que je bois" "Allâh 'azawajal n'est-Il pas le Tout Miséricordieu, le Très Miséricordieu ?" lui dîmes-nous ? "Oui, ça c'est la vérité... je dois arrêter mon frère, surtout que je suis atteint de drépanocytose" nous racontait-il. " Cette maladie, qui écrase les globules rouges ??" répondit un frère, qui visiblement, connaissait quelques notions de la maladie pour l'avoir étudiée en cours de Terminal. "Oui, c'est ça, tiens regarde ma carte, je ne peux pas rester dans le froid" Pour faire vraiment simple, la drépanocytose est une maladie liée au paludisme. Le Paludisme, est une autre maladie qui s'attaque aux globules rouges. Celle-ci a tellement frappé le continent africain, que les hommes se sont mis à "mutés". Cette mutation génétique modifie la morphologie des globules rouges, qui prennent alors une forme si particulière, que le paludisme ne peut plus se fixer dessus. Cependant, il y a le revers de la médaille si je puis dire, car certaines mutation vont trop loin, et donne aux globules rouges des formes si aplaties, qu'elle cause des dégâts à l'organisme. C'est la Drépanocytose... Nous le regardons donc, tête baissé, quand il nous dit : "Tu sais mon frère, j'étais à la mosquée ce matin. Et j'ai fait une dou'a, j'ai demandé à Allâh, de me guérir pas de la drépanocytose, mais de me guérir de la grande maladie, qu'est l'alcool. Car mes frères me détestent à cause de ça, et ça me détruit." Mahmadou tremblait en nous parlant. Pas étonnant, quand on se rend compte qu'en dessous de sa veste, un seul t-shirt faisait barrage entre sa peau et le froid glacial de ces jours. Nous décidons donc de lui offir l'un des polaires tout neuf que nous avions avec nous. Et aussi innocent qu'un enfant, Mahmadou retire sa veste, pour mettre le polaire. Là, nous voyons avec étonnement, la musculature vraiment imposante de ce frère machaAllâh. Des cuisses à la place des bras, et vraiment, nous l'avons comparé à John Café du célèbre film, La Ligne Verte. Mahmadou avait aussi eu droit à un café chaud, ainsi qu'à un plat de poulet chaud. Au fur et à mesure que nous lui vidons notre sac, nous remarquons le visage de Mahmadou changeait. Il ne parlait plus. Ses seuls mots étaient, à répétitions "Au nom de Dieu, qu'Allâh vous bénisse". Quelque chose bouillonnait en lui. C'est alors qu'un frère fit ce que peu de gens auraient pu faire ce jour là. Il vida ses poches, et retira son long manteau, de très bonne qualité. Ensuite, il retirera son pull en dessous, et mettra le tout sur Mahmadou, en plus du polaire déjà neuf. Mahmadoudevint ensuite tétanisé par tant de générosité, tant de fraternité. Le colosse venait d'être touché en plein coeur. Quelle est cette force qui poussa notre frère à souffrir, pour ne plus voir son proche souffrir ? En un hadith, la réponse : " le croyant, n'en sera pas véritablement un, tant qu'il n'aimera pas pour les autres, ce qu'il aime pour lui même.." C'est alors que Mahamadou entra dans une réflexion, puis le volcan entra en éruption. Le souffle saccadé, la voix puissante, il prononça : " Aujourd'hui, tu as voulu avoir froid, pour que moi j'ai chaud. Nan ! Aujourd'hui, au nom de Dieu, au nom de Dieu, je le dis, j'arrêtes l'alcool ! J'ai fait une dou'a à la mosquée, et vous êtes venus, vraiment ! L'alcool ne ma ramené que des soucis, et tout ce que vous avez fait aujourd'hui, tout ça, je vous le dis, à cause de vous, au nom de Dieu, c'est terminé. Prenez tout ! Et cassez moi tout ! Et videz moi tout !" Il ne nous en fallait pas plus, pour nous saisir de chacune des bouteilles, et de les vider une par une dans le caniveau. Les yeux flamboyant de Mahmadou brillaient, tandis qu'il répétait sans cesse "Au nom de Dieu, que Dieu vous bénisse" "Mes frères, je vous attends samedi prochain, et au nom de Dieu, vous allez voir mon vrai visage. Nan ! On va aller au laboratoire, vous et moi, faire la prise de sang, et on va voir si je tiens parole ! ce que vous avez fait aujourd'hui, je ne vais jamais oublier, et Wallâh, BiLlâh, Dieu est grand !!" Mahmadou prit ses clics et ses clacs et retourna à son hôtel, déterminé comme jamais pour reprendre un nouveau départ. Avant de partir, il nous adressa un dernier message : "Je suis Mahmadou. Je suis le plus grand fils de mon père, je suis venu ici, j'ai quitté mon village et ma famille, pour devenir quoi, un clochard ? Nan, jamais de la vie, c'est fini, salam 'aleikoum ! A samedi prochain, vous verrez, inchaAllâh" Voici comment, John Café comme nous l'avons surnommé, nous quitta. Il avait les pieds en sang, dûe à la mauvaise pointure de ses chaussures usés. Il fait du 45 lui, et ses chaussures ne lui convenait pas Il ne le sait pas encore, qu'un frère est venu de nul part, pour offrir toute neuve, un paire de chaussure, d'une valeur de 140 euros. Des timberlands, et Allâh 'azawajal les lui a réservé pour lui inchaAllâh. Mahamadou était tremblant, affamé, devant ses bouteilles d'alcool qu'il s'apprêtait à consommer. Il repartira, tout chaud, habillé comme un roi, "mieux que sarkozy" disait-il, l'estmac rempli, les yeux brillants, le coeur comblés, de bonnes résolutions. Par la suite, des membres d'une association sont venue nous rejoindre, afin de voir comment se passait une maraude. Nous leur avons laissé le reste des colis, pour qu'eux même les redistribuent le lendemain inchaAllâh, histoire que l'action se disperse un peu partout. Avec eux, nous distribuâmes les derniers sandwichs qui eux ne peuvent attendre le lendemain. Ce sera une femme en béquille qui les recevra tous. Et pour terminer, cet homme, joyeu comme tout. Ca faisait deux fois qu'il passait devant nous, il n'était pas sans abris, de prime abord, et n'arrêtais pas de sourire avec nous. Une discussion s'engage en aparté, nous lui demandons si il a bseoin d'un bonnet, l'air étonné, il refusa, puis en un instant, il baissa les yeux, et perdit son sourire. En effet, il y a des choses qu'on ne peut cacher.. Il repartira avec un bonnet et une écharpe. Voila donc, le résumé de la dernière maraude. Je tiens à remercier les donateurs, et ceux qui ont l'intention de donner mais qui n'en n'ont pas les moyens. Tout n'a pas été encore encaissé, car étant en période de fêtes, les directeurs de banque ont tous décider d'être absent, donc ca prend plus de temps pour ouvrir un compte. Idem pour la parution au journal officielle, qui nous ralentit dans les démarches, armons-nous de patience. Kheyr inchaAllâh. Prochaine maraude, ce samedi 26 Décembre 2009 inchaAllâh, et nous rendrons visite à notre frère, Mahmadou inchaAllâh. Qu'Allâh vous préserve. amineErratum : Je m'étais trompé de date, la maraude des soeurs avaient en réalité eu lieu le dimanche 13 décembre, et non pas le Samedi 12 décembre, comme on me l'a signalé, j'ai rectifié. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ http://www.aucoeurdelaprecarite.com/ http://aucoeurdelaprecarite.over-blog.com/ http://souk-ul-muslim.com/
Dernière édition par Badr7 le 25/12/2009 19:42:40; édité 4 fois |
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